La nuit s'apensentisait sur la petite maison au bord de l'océan. Le travail était en cours depuis plusieurs heures : les choses se présentaient bien, mais tout prenait un temps infini, comme s'il ne s'écoulait plus. Les sages-femmes avaient employé tout leur art dans cette naissance qui tardait.
Et la future mère gémissait....
Une d'elle réclama du feu, parce qu'elle avait froid, parce qu'il fallait plus de lumière. Alors un des employés de la maison sortit chercher du bois. Une autre s'avisa que l'eau chaude amenée il y avait plusieurs heures était maintenant tiède et ne pourrait satisfaire ses besoins. Alors un autre employé sortit puiser de l'eau, tandis qu'on rependait le chaudron au-dessus du feu.
Et la future mère souffrait...
L'homme de la maison tenait la main de sa femme, pour la réconforter dans cette douloureuse épreuve. Il voulait l'encourager pour que ses souffrances, qui lui vrillaient les entrailles à lui aussi, cessent au plus vite.
Il leva la tête pour chercher le réconfort des étoiles, mais ne le trouva point. D'épais nuages s'amassaient au-dessus de la région, plus sombres encore que la nuit, et chargés de pluie.
La météo et la fatigue risquaient de refroidir les bonnes volontés qui avaient accepté d'assister la femme. L'homme fit donc apporter de la nourriture pour tous et encore plus de bois, pour faire un feu d'enfer dans la cheminée.
Et la future mère luttait... seule
Quand l'enfant, une fille, sortit enfin, ce fut à l'aube blêmissante. Elle pleura, protestant contre la douleur de vivre qui arrive avec la première goulée d'air frais dans ses petits poumons. Elle pleurait si fort, que s'en fut de bonne augure : elle aura de l'énergie cette petite. Elle pleura un long moment et ne s'arreta que lorsqu'une bûche de pin vert se mit à crépiter dans l'âtre. Le père, qui tenait sa fille dans ses bras, y vit un signe et l'appela Lauretinwe, étincelle d'or.